Le Dieu du Soufi

Dr. Nurbakhsh

Du point de vue du soufi, Dieu est
l’être absolu, et tout ce qui existe est son expression et sa manifestation.
Autrement dit, l’existence est
une manifestation de Dieu (Haqq), tout
ce qui existe est un signe de Son existence, et sans lui rien n’existerait.

Tel le néant nous manifestons
l’existence, mais c’est Toi l’être absolu qui est notre existence.

« Tout ce qui est autre
que Lui périra »[1]

car : « Dans la demeure de l’existence il n’y a nul autre que
Dieu.»

Le soufi ne sépare pas le monde de
l’existence de celui de Dieu (Haqq).
Les clergés formalistes en interprétant un verset du coran[2]
disent : « Dieu est la lumière du ciel et de la terre », les soufis
l’éclaircissent de cette manière : « Dieu est l’existence et la
réalité des cieux et de la terre. »

La connaissance est la vision qui
démontre que « Dans tout l’univers il n’y a qu’un être absolu et rien
d’autre, et Tout ce qui est, existe par Son existence. »

Cela a été appelé la philosophie
de l’unité de l’être. Mais le soufi ne considère pas cela comme une
philosophie. En effet, une philosophie est un tissage intellectuel modifiable
alors qu’une vision est une trouvaille du cœur, inaltérable et immuable. La
philosophie est liée à l’intellect et à la discussion, mais la vision de
l’unité de l’être relève du domaine de l’amour, de la découverte et de la
révélation. Donc à notre avis plutôt que de l’appeler « La philosophie de
l’unité de l’être », il est préférable de l’appeler « le principe de
l’unité de l’être » que l’on peut illustrer par l’exemple suivant :

Si l’océan représentait l’être
absolu, les vagues de l’océan seraient les créatures dont la réalité est l’eau,
et leur forme emprunté, la vague. Si la forme ondulatoire de la vague disparaît
à chaque instant, la réalité de la vague qui est l’eau est permanente. Tant que
l’homme prêtera attention à sa forme de vague, il n’aura pas de nouvelle de
l’eau ; Lorsque la pensée de la vague s’anéantit, il ne reste que l’eau.
C’est ainsi que les grands soufis annihilèrent leur aspect de vague dans l’eau
de l’être absolu et le crie de : « je suis la vérité absolue (Ana’l
Haqq) », « Gloire à ma suprême station », « Il n’y a dans
mes vêtements que Dieu
» :
étaient des cris qui s’élevaient de l’intérieur de leur âme et qui rendaient
les créatures perplexes et stupéfaites.


L’
océan, la vague et la
bulle d’air ne sont qu’un. Il n’y a qu’un seul être dans toute cette
multiplicité.

Un
autre exemple : On peut comparer l’être absolu à la lumière et les
perceptions de l’être à l’ombre.

Tant
que l’ombre est ombre, elle n’a pas de nouvelles de la lumière. Si la lumière
s’éloigne de l’ombre, l’ombre la suit. Celui qui cherche la réalité avec son
pas non seulement n’arrive pas à la réalité, mais cela montre également que la
réalité est en train de s’éloigner de lui. C’est la lumière qui en venant vers
l’ombre peut transformer sa condition d’ombre en lumière.


Personne de lui même ne
pourra se frayer un chemin vers Lui. Par contre par Son pas, on peut arriver à
Sa de
meure.

Un
autre exemple : Si on prend un point comme l’être absolu, toute la
création seraient des lignes et des figures qui existent par le mouvement de ce
point, même si en apparence, ils ont une manifestation. Mais en réalité cette
manifestation est empruntée et ce que l’on voit n’est en réalité pas plus qu’un
point.


Ce visage d’autrui vient
de tes illusions, comme le point qui en se déplaçant avec vitesse apparaît
comme un cercle.

Il est
dit dans le coran : « tout
ce qui existe est appelé à disparaître, et la vie éternelle est l’essence
magnifique et honorifique de ton créateur »

Globalement
du point de vue du soufisme le monde de l’existence n’est qu’une illusion, mais
en même temps en réalité il est Dieu (Haqq) et l’illusion est une étape de
l’existence. Par sa forme d’ombre empruntée, le monde est une illusion, et par
son lien avec la réalité il est l’essence de l’existence.


Le monde entier et tout
ce qu’il contient, n’est que le reflet d’un des rayons de la face de l’ami.

(Traduit du persan)


[1] (Coran : 28, 88)

[2] (Coran : 24, 35)

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