Dr. Nurbakhsh
Il existe plusieurs raisons pour lesquelles on cherche un maître puis se soumet à lui. Citons en quelques-unes:
1. Le disciple est motivé dans le but d’obtenir de la connaissance. Apres un certain temps, il réalise que l’on ne trouve pas de connaissance dans cette voie. Au contraire, on vient ici pour se libérer du joug de la connaissance. Quelqu’un qui suit cette voie dans le but d’obtenir de la connaissance est sure de ne pas en trouver, et s’engage dans cette voie pour de fausses raisons, ne comprenant pas que: Une fois que j’ai perdu connaissance de moi-même,
j’ai pu goûter à toute sorte de connaissance;
Perds la connaissance, car il existe toutes sortes
de connaissance dans cette perte de connaissance.
2. Le disciple est motivé pour se soumettre à un maître car celui-ci correspond à l’idée que le disciple s’était faite de ce que devait être un maître. En étudiant, on peut connaître les états des maîtres, ou bien devenir familier avec de fervents disciples, et ainsi avoir une idée du maître idéal. Ces personnes se soumettent à un maître pour réaliser quelques années plus tard que ce maître ne correspond pas à l’idée qu’il s’en était faite. Par conséquent, ces personnes finissent par quitter le maître pour prendre leur propre chemin et en viennent même à défier le maître et par conséquent à le renier. Ces disciples voient le monde du maître par rapport à leur propre monde, et donc finissent par le critiquer pour finalement le rejeter. En réalité, ces personnes cherchaient un maître qu’ils avaient concocté dans leur imagination. Comme le dit Roumi:
Ils mangent et dorment
dans leur imagination
Ils désirs et renient
à travers leur imagination.
3. Le disciple est motivé dans le seul but d’atteindre la Réalité. Il trouve un maître sans l’aide de son esprit, mais grâce à l’attraction, l’amour et l’aide divine, et se soumet au maître en toute sincérité. Il accepte le maître tel qu’il est. Il n’impose pas au maître ses idées propres, aimant le maître de tout son cœur, afin que quoique le maître fasse, il trouve cela acceptable.
Il n’attache pas d’importance à la foi ou l’infidélité du maître. D’ailleurs, il a été dit que l’infidélité du maître est la foi du disciple. Ce qui veut dire qu’a chaque fois que le maître se comporte d’une façon que le disciple trouve difficile à accepter, il doit toujours avoir foi en son maître, sans que sa dévotion pour lui n’en soit affectée.
Dans cette voie, le principal capital du disciple est la grâce de Dieu, qui confirme la fidélité du disciple. Comme le dit Hafez:
Je suis dévoué au maître Magus
qui me libère de l’ignorance;
Quoique le maître fasse est en harmonie
avec le Transcendent.
De tels disciples, quelle que soit l’époque, se comptent sur les doigts de la main. Ils confrontent leur être à la flamme de la Réalité absolue, dans laquelle ils se consument..
Traduit du magazine SUFI n° 54 Ete 2002, pp. 15 “Becoming a disciple”.