Dr Nurbakhsh
Discours prononcé à l’occasion d’un digjush (sama)
Au nom de Dieu le Créateur de l’Amour.
Durant cette cérémonie de Dieu (Haqq), avant de bénéficier de Sa grâce,
et de L’inviter au moyen du zekr de Dieu (Haqq) dans la fête des cœurs,
avant également de vider le cœur de tout sauf de Son souvenir et de
s’enivrer dans le samâ de l’amour, il est nécessaire pour moi de vous
rappeler certaines notions.
La signification essentielle du soufisme est l’amour, et il faut qu’il
en soit ainsi. Il doit rapprocher les cœurs, il est l’antidote à
l’agressivité, le remède à la violence et l’alchimie du bonheur. Il
doit donner l’ordre de cessez le feu à toute intervention belliqueuse.
Dans cet esprit, le soufi amoureux de Dieu (Haqq) donne son amour et
son affection à tout ce qui existe dans l’univers, car pour lui tout ce
qui existe est un rayon émanant de Dieu.
Des notions que vous avez souvent entendue mais que vous avez misent de coté, sont la shari’at (la loi), la tariqat (la voie), et la haqiqat (la réalité). Dans la plupart des religions, il n’y a pas beaucoup de différences entres les différentes shari’at. Dans le langage d’aujourd’hui, dans toutes les religions, il faut dire, obéir et pratiquer la shari’at, et cela correspond aux études préliminaires. Celui qui finit ces études, est autorisé à entrer dans la classe supérieure. Dans chaque religion joindre le chemin de la tariqat, correspond à l’entrée à l’université. Et Si quelqu’un réussit et qu’il obtient le doctorat, il comprendra la haqiqat.
L’école de l’unité et du soufisme est basée sur l’attention à Dieu (Haqq) et la compréhension de la Réalité. Cette école a trois principes :
Le premier, c’est la connaissance et l’attention à Dieu (Haqq), cela consiste à diriger l’attention sur Lui, d’être éperdument amoureux de Dieu, d’un amour brûlant et insatiable. Le poète l’exprime ainsi :
Comme un papillon devant la flamme, je le regardai fixement
et lorsque je revins à moi, j’étais déjà brûlé
Le deuxième principe est d’être fondamentalement attentif à la véracité des qualités humaines, car elles constituent la base de la morale humaine. Parce que la base de la noblesse de l’homme repose sur les qualités humaines, et que l’éducation des hommes dans le sens véritable du terme est une autre base fondamentale du soufisme, le soufi doit arriver à la noblesse absolue de l’homme, en ayant les attributs de Dieu (Haqq). Un grand soufi iranien a dit :
Le bien aimé s’est tellement assis devant mon cœur imprégné
que ce cœur a fini par complètement refléter Son caractère et Ses attributs
La boue étant prés de la fleur
elle prend ses parfums et ses couleurs
Le troisième principe est d’être au service des êtres humains, il peut aussi être considéré comme étant le premier, car c’est en rendant service à un être humain qu’on peut devenir humain, connaître Dieu (Haqq) et être amoureux de Lui. Sachant que le Dieu des soufis est l’Existence Absolu, l’Affection Absolu, l’Amour Absolu et l’Unité Absolu, donc tout ce qui existe dans l’univers est la manifestation de ce Dieu (Haqq) absolu. Pour approcher cette unité absolue, la première condition est que tu sois humain. Ensuite peu à peu il faut faire l’effort de vider ton mental de tout sauf de l’Ami, en t’éloignant des mauvais attributs, jusqu’à ce qu’à l’intérieur de toi ne reste que Dieu (Haqq).
J’ai si souvent pensé à « Toi » que je suis devenu Toi de la tête au pied
« Toi » est venu petit à petit et « moi » est parti lentement
C’est à cette étape que tu acceptes que l’univers et tout ce qu’il contient est un rayon émanant de Dieu (Haqq) et que l’Existence Absolu, c’est Dieu (Haqq) Absolu.
C’est ici que le soufi sincère en étant amoureux, donne de l’amour à toutes les manifestations de Dieu (Haqq), et qu’il voit tout ce qui existe et tous les êtres humains comme un des rayons émanant de Lui, qu’il respecte et sert, se comportant ainsi en amoureux. Le service aux manifestations de Dieu (Haqq) équivaut pour lui à l’attention à Dieu (Haqq).
Ses difficultés deviennent alors sources de satisfaction, et ses amertumes deviennent sucrées et délicieuses. C’est pour cela que pour beaucoup de grands soufis, rendre service aux hommes sans hypocrisie, est considéré comme étant une prière authentique et c’est également une preuve de véracité et de pureté.
Sa’di le grand poète iranien a dit :
La prière n’est rien d’autres que de servir les hommes
elle n’est ni dans le chapelet ni dans le tapis de prière ou l’habit du derviche
Un autre point que je dois vous dire concerne la cérémonie du deeg jush, que l’on peut aussi appeler ‘la cérémonie de Dieu’. On m’a posé beaucoup de questions sur ce sujet, il faut donc que je rappelle la chose suivante :
Cela est en rapport avec l’histoire d’Abraham qui au moment de sacrifier son fils pour Dieu (Haqq) entendit ses paroles: « au lieu de ton fils sacrifie un mouton » et il en fit ainsi.
Dans notre voie, le deeg jush ne consiste pas qu’à sacrifier un mouton pour Dieu. C’est plus au sens symbolique qu’il faut le comprendre. Lorsqu’un aspirant est prêt pour entrer dans le cercle de l’amour, et qu’il dit : « je suis prêt pour me sacrifier dans la voie de Dieu (Haqq) », on lui dit :
« Sacrifie un mouton pour que tu puisses entrer dans l’arène de Dieu (Haqq) ».
Ce qui veut dire qu’en sacrifiant ses habitudes animales, et en abandonnant ses mauvais penchants inhumains, on entre dans le cercle des amoureux pour comprendre la réalité. C’est dommage que l’on prête peu attention à cette signification, et que la majorité des derviches croient que le deeg jush n’est qu’un rituel consistant simplement à sacrifier un mouton.
Je vous souhaite à tous, de réussir dans le service envers les hommes, car c’est la réalité du soufisme, et j’espère que vous entrerez dans le cercle des véritables amoureux et que comme le papillon, vous tournerez autour de la lumière de Dieu (Haqq), en sacrifiant les mauvais attributs et en rendant service aux hommes, et que vous brûlerez dans le feu de l’amour, tout ce qui dans votre être et votre mental n’est pas Lui, et enfin que grâce à la faveur de Dieu (Haqq), vous deveniez vous mêmes un rayon pure de Dieu (Haqq).
La religion de l’amoureux est séparée des autres religions
La religion et la nation des amoureux c’est Dieu
Traduit du persan du magazine SUFI n°58