Muhammad b. Fadl Balkhi : Le maître ostracisé

Arnold Combrinck

L’épreuve la plus dure sur la voie soufie est peut-être celle d’être accusé d’une chose dont on n’est pas responsable. Le personnage prééminent ayant cette qualité est le cinquième des grands maîtres de Balkh dont la chaîne de transmission remonte à Ibrahim Adhan (166/783). Ce modèle de patience, disciple de Ahmad Khidruya (240/854), s’appelait Muhammad b. Fadl.

On ne sait rien sur Abu Abd’Allah Muhammad b. Fadl b. Abbas Balkhi mis à part sa naissance et ses premiers temps passés dans la ville de Balkh qui, à cette époque, faisait partie du grand Khorasan, à la frontière de l’Asie centrale. Dans cette région, la filiation spirituelle remonte aux maîtres Zoroastres et Kay-Khusraw. Les quatre maîtres précédents étaient respectés par les habitants de Balkh, cependant ce ne fut pas le cas du maître Muhammad et du soufisme. Le fait que Muhammad renonce à rester dans cette ville fut perçue comme un acte remarquable, d’autant plus que son prédécesseur était aussi respecté qu’un dirigeant de Balkh. Les raisons de cet acte ne sont pas connues, mais ce soudain changement donne une leçon forte sur la réalité du soufisme, notamment, que chaque expérience individuelle sur la Voie est différente.Bien que son maître fût très respecté en tant que personnalité importante de la ville, Mohammad b. Fadl, eut une expérience complètement différente, et fut méprisé puis finalement chassé de la ville. Etant donné qu’il eut une longue vie en tant que maître, on ne peut pas imputer son ostracisme à son tempérament désagréable ou à une provocation délibérée.En fait, le comportement des habitants de la ville de Balkh était si méprisable envers lui que le chroniqueur soufi Abu l’Qasim Qushayri ajoute dans sa risalah : « Et jamais après lui n’émergea un vrai maître ». Les soufis croient en l’unité de l’être et par conséquent pensent qu’une telle pression externe fait partie d’un plan divin pour le bien du chercheur sur la Voie, prenant en compte la nature du besoin nécessaire pour le guider vers la perfection. Il s’ensuit de cette croyance centrale que cet ostracisme était l’épreuve qu’était destiné à endurer Mohammad b. Fadl, pour son propre développement spirituel entre les mains de Dieu.

Quittant la ville sous un ciel menaçant, pourchassé et persécuté par ses habitants, Mohammad b. Fadl s’enfuit vers le nord jusqu’à atteindre la grande métropole de Samarkand, la plus ancienne ville d’Asie centrale. A cette époque, Samarkand était l’étape principale sur la Route de la Soie reliant le Moyen-Orient et la Chine. Il fut si bien reçu en tant que maître et érudit qu’il décida de s’y installer et y obtint un poste de juge respecté. Il passa le reste de sa vie à Samarkand, travaillant comme juriste suivant le rite shafi’ite et continua son rôle de maître spirituel en formant des disciples dans la Voie soufie.

Il fit la majeure partie de ses études de juriste sous la supervision du célèbre Hakim Tirmidhi, dont le centre était à Termez, non loin de Balkh. De nos jours les villes en questions sont situées dans 3 pays différents : Balkh se situe en Afghanistan, Termez en Tajikistan, et Samarkand en Uzbékistan. On ne sait pas si Muhammad partit pour étudier à l’extérieur avec Tirmidhi dans sa jeunesse, puis revint à Balkh pour servir Ahmad Khidruya comme disciple, ou bien s’il s’arrêta pour étudier avec ce même Tirmidhi au cours de son exode vers le nord après avoir quitté sa ville natale.
Cependant, bien que ce maître fût harcelé par la population de Balkh, il ne céda pas et resta patient, comme l’a attesté l’un de ses disciples, Abu ‘Uthman Hiri. Une fois établi sa Khanaqah à Samarkand, loin d’être un réfugié, le maître fut lui-même un refuge pour les autres. Comme l’a écrit Hiri : « Je n’ai jamais trouvé la force en moi, c’était par mon frère Mohammad b. Fadl, au point où ma conscience intérieure (sirr) devenait apaisée à son contact ». Hiri et d’autres disciples firent sa renommée à Nishapour, chose remarquable car cette ville jouissait de la plus grande concentration de soufis de tout le Khorassan – qui maintenant recouvre différents pays dont le Turkmenistan, l’Uzbékistan, le Tadjikistan et le sud du Kazastan. Ce shaykh qui abandonna Balkh jouissait d’un telle réputation que, selon selon Huwiri dans Kash al-mahjub, sa renommée atteignait Bagdad.

Vers la fin de sa vie, Muhammad b. Fadl décida d’entreprendre le pèlerinage à la Mecque. Sur la route, il s’arrêta à Nishapour, ou les gens montrèrent un tel enthousiasme à son encontre qu’ils lui demandèrent de tenir une assemblée. Cependant, plutôt que de donner un discours, il cria simplement « Allahu Akbar ! », Dieu est plus grand [que tout ce que l’on peut imaginer] ! Le souvenir soit à Dieu qui est le plus Grand ! Le contentement soit a Dieu qui est le plus Grand ! »
Célèbre pour sa brièveté, il décida soudainement que ce discours était suffisant non seulement pour l’assemblée de soufis et autres, mais aussi pour lui-même. Aussi, il décida d’abandonner le pèlerinage. Après sa brève exclamation, il descendit de l’estrade et se dirigea tout droit vers Samarkand.
Il y mourut peu après en 319/931. Abu Uthman Hiri, le disciple à l’origine de la réunion, l’appelait « celui qui réunit les saints ». Dans le Tadhkirat al-awliya, Attar loua la subtilité de son enseignement à travers l’insinuation et la suggestion, ainsi que sa force du point de vue de l’amour et de la chevalerie. Abu Bakr Wasiti, le maître de la ville de Marv, une autre métropole de la route de la soie dans la région, a déclaré qu’il était plus expert que quiconque pour s’exprimer de façon directe. Les extraits suivants de son œuvre nous donnent un aperçu de ses enseignements et de sa maîtrise du langage.

Les enseignements de Abu’Abd Allah Muhammad b. Fadl Balkhi

Etre dirigé par le désir du Nafs
« Je suis étonné de penser que je pouvais visiter la maison de Dieu en suivant le propre désir de mon Nafs. Peut-on s’engager en suivant ses propres désirs dans le but d’atteindre Dieu ?» (TA-519)

« Je suis étonné de penser que l’on pouvait traverser des étendues désertes pour atteindre la maison de Dieu, là où sont passés Ses prophètes. Est-il possible de traverser le désert du nafs et la mer du désir pour atteindre le cœur, là où se trouve les traces du Seigneur ? Autrement dit, le cœur qui est le lieu de la gnose, est plus grand que la Ka’aba, qui est la qibla du service. La Kaaba est à jamais l’objet de contemplation du dévot, alors que le cœur est à jamais l’objet de contemplation de Dieu. C’est là où se trouve le cœur de Mon Bien-aimé. C’est là où Son commandement est mon but. Finalement, c’est là où, comme Il dit, ‘La trace de Mes prophètes est la qibla de mes Amis » (KM 177).

« Je suis étonné de voir quelqu’un à la recherche de la Maison de Dieu par le pèlerinage, alors qu’il lui est souhaitable de rechercher la vision de Dieu dans le cœur ! Après tout, la vision n’a pas de lieu. Il est peut être obligatoire de visiter une pierre sur laquelle Dieu pose une fois par an son regard, mais un cœur qui est l’objet de Son regard 360 fois par jour est prioritaire. » (KM 424) »

Qui est un soufi ?
« Le soufi est celui qui devient purifié par la réception de toutes les afflictions et qui est absent de la réception de tout bienfait. » (TA-519)

La facilité
« La facilité vient lorsque les désirs du nafs s’affaiblissent » (TA-519)
L’intérêt du disciple pour le monde
« Quand le disciple prétend n’avoir aucun intérêt pour le monde, ne t’attarde pas sur lui, car il s’est écarté de la voie » (TA-511)

Perdre sa foi en l’islam
« On peut perdre sa foi en l’islam dans quatre cas :
1. Ne pas agir sur ce que l’on sait.
2. Agir sur ce que l’on ne sait pas.
3. Ne pas chercher à apprendre ce que l’on ne sait pas.
4. Empêcher les autres d’apprendre. » (TA 519)

La connaissance
« La vraie connaissance présuppose deux choses : en être conscient pour passer à la pratique, et la sincérité avec Dieu dans la connaissance et la pratique. » (TA 519)

La santé du coeur
« La santé du cœur peut être acquise par la constance dans la vérité de la certitude (haqq al-yaqin). La santé du cœur est la vie qui vient après avoir reçu la connaissance de la certitude (ilm al-yaqin), à travers laquelle on peut contempler la vision de la certitude (ayn al-yaqin), qui mène à la santé du cœur. Sans la vision de la certitude comme préalable, la connaissance de la certitude ne s’obtient pas. De sorte qu’une personne qui n’a pas vu la Kaaba ne peut jamais acquérir la connaissance de la certitude. »
« Ainsi, il est évident que la connaissance de la certitude vient après la vision de la certitude.
Alors que la connaissance conventionnelle précède la vision de la certitude. Cette connaissance est accompagnée par un processus d’aspiration et d’effort spirituel. Cependant, une fois que la connaissance de la certitude apparaît, à travers celle-ci on peut contempler les mystères et les réalités de la vision de la certitude. »
« C’est comme le cas d’une personne qui tombe dans un puits, et qui grandit au point d’être suffisamment grande pour sortir facilement du puits. Alors, l’individu devient ébloui par l’éclat du soleil et reste un moment immobile jusqu’à ce qu’il s’accoutume à la lumière du soleil. Enfin, il acquiert de la connaissance par cette lumière qui lui permet ainsi de contempler les mystères du soleil. » (TA 518)
Le disciple qui recherche la richesse
« Chaque fois que le disciple recherche les richesses matérielles, c’est un signe de son éloignement dans la voie. » (RQ 57)

L’amour bonté
« L’amour bonté signifie donner préférence aux autres (ithar) et consiste en quatre facteurs :
1. Constance du souvenir de Dieu (zikr) dans le cœur et joie intérieure.
2. Habitude de donner priorité au souvenir de Dieu
3. Se détacher de toute distraction, jusqu’à être détaché du détachement même.
4. Choisir Dieu plutôt que soi même et tout autre que Lui, comme indiqué dans le verset coranique : « Dis : Si vos pères et vos enfants, vos frères et vos femmes, vos parents et les biens que vous avez acquis, et le commerce dont vous craignez la ruine, et les habitations dans lesquelles vous vous complaisez vous sont plus chers que Dieu, son Apôtre et la guerre sainte, attendez-vous à voir venir Dieu exécuter ses arrêts. Dieu ne dirige point les méchants (9-24) »

« L’attribut des amoureux de Dieu est que leur amour bonté est basé sur le principe de donner la préférence aux autres. Après cela, leur pratique dévotionnelle est constituée de quatre étapes : amour, crainte, honte, et révérence. » (TA-519)

« L’amour bonté signifie se détacher de toute manifestation d’amour dans le cœur sauf celui du Bien-Aimé. » (RQ-563)
La préférence des ascétiques pour les autres (ithar)
« La préférence des ascétiques pour les autres plutôt que pour eux-mêmes survient quand ils se libèrent du besoin, alors que celle des chevaliers (jawanmardan) survient lorsqu’ils sont dans le besoin.» (TA-520)

Ascétisme
L’ascétisme dans ce monde signifie le renoncement, donner la préférence aux autres si tu le peux, et rester humble sinon. Comme il est indiqué dans le verset coranique suivant: « Ils préfèrent les autres à eux mêmes, fussent ils eux même en état de besoin ». (59-9 ; TA-520 ; RQ 179)»

« L’ascetisme signifie regarder le monde à travers l’œil de l’imperfection tout en jouissant du respect des autres. Lorsque quelqu’un considère le monde comme bon, tout ce qui lui arrive dans son abnégation est dans un état de sobriété. . » (NfQ 118 ; RQ 58 ; TSS 216)

La gnose
« Lorsque quelqu’un devient nivelé face à Dieu, il est prêt pour la gnose» (TSS 216 ; FB 284)

La chevalerie (futuwwat)
« La chevalerie est le fait de conserver les secrets de Dieu à travers l’harmonie avec Lui et de préserver l’aspect extérieur avec les gens à travers la joie et la bonne humeur. » (TS 216 ; FB 285)

Les symptômes de disharmonie avec Dieu.
« Les trois symptômes de disharmonie avec Dieu sont :
1. Malgré la connaissance que Dieu enseigne quotidiennement à l’individu, ce dernier échoue à l’appliquer.
2. L’individu met en pratique la connaissance mais sans sincérité.
3. L’individu est tous les jours en compagnie des véridiques et des vertueux mais ne partage pas leur sainteté. » (TA 518 ; RQ 57)

Les catégories de la connaissance
La connaissance peut provenir à travers Dieu, de Dieu ou avec Dieu.
1. Celle à travers Dieu implique la cognition des attributs et des qualités de Dieu.
2. Celle venant de Dieu implique la cognition de l’exotérique et de l’ésotérique et des ordres et interdictions des commandements de Dieu.
3. Celle avec Dieu implique la cognition de la peur et de l’espoir, de l’amour et de la langueur. (TSS 215 ; FB 284)

La connaissance à travers Dieu implique la cognition dont jouissent tous les saints amis de Dieu, de Le connaître à travers Lui. Sans la gnose accordée par Lui, ils ne peuvent jamais
Le connaître. Etant donné que toutes les causes secondaires viennent finalement de Dieu, cette connaissance est nécessairement discontinue [autrement dit n’est pas directement connecté à Dieu]. Quand la connaissance du dévot implique la gnose de Dieu, cela ne peut jamais être défaillant, car le défaut de cognition de Dieu constitue à la fois la guidance et la communication venant de Dieu.
La connaissance venant de Dieu implique la compréhension de la loi religieuse, qui constitue les commandements de Dieu et un devoir de responsabilité de notre part.
La connaissance avec Dieu implique la cognition des stations des chemins vers Dieu et l’état des degrés des saints amis de Dieu.
Donc, la gnose ne peut être réalisée sans l’acceptation de la loi religieuse, et la persistance à observer la loi religieuse ne peut être réalisée sans franchir les stations. » (KM 18)

Les plus grands gnostiques
Les plus grands gnostiques sont ceux qui s’efforcent d’appliquer strictement les commandements de Dieu et de suivre les traditions du Prophète. Cela revient à dire que les plus grands gnostiques sont ceux qui s’efforcent d’observer la loi religieuse avec le plus grand zèle, et d’adhérer aux coutumes du Prophète. Plus quelqu’un est proche de Dieu, plus il s’efforce d’obéir à Ses commandements, alors que plus quelqu’un est éloigné de Dieu, moins il adhère aux traditions du Prophète. (KM 177)

La constance
(Alors que l’on demanda à Muhammad b. Fadl ce dont le gnostique a le plus besoin) : Ce qui permet de voir positivement les bienfaits qui affectent son existence, et négativement les mauvaises choses qui affectent sa non-existence, c’est cela la constance.»
Le commentaire de Ansari : Comme le dit si bien le coran « Soit constant comme il t’est commandé! » (11 :112 ; LT 37 ;NfO 117)

Partir sur le chemin de Dieu
« Pendant 40 ans je me suis engagé uniquement à traverser la Voie de Dieu et durant cette période, je n’ai jamais regardé quoi que ce soit sans ressentir de la honte devant Dieu. Et pendant 30 ans, dans toutes les situations, j’ai eu honte devant les deux anges qui notent mes actions » (SfSt IV 165)

Devenir l’arbitre de son propre nafs
« Dépose ton nafs à une station à laquelle il devient libre de tout besoin et ou il n’a d’autre recours que d’être à cette station. Quand quelqu’un devient l’arbitre de son nafs, il devient précieux à Dieu, alors que lorsque le nafs d’une personne est consigné auprès de Dieu, elle devient humble » (TSS 215 ; HyAX 232)

Les traits de caractères de l’ignorant
« Six traits de caractère permettent de reconnaître l’ignorant:
1. Colère sans raison.
2. Discours futile
3. Conseil non sollicité
4. Révéler les secrets
5. Avoir confiance en n’importe qui
6. Incapable de distinguer les amis des ennemis »
(HyA X 233)

Le gnostique
« Le gnostique reçoit son pain quotidien selon la volonté de Dieu ». (HyA X 233)

Le Clément
« Le Clément est Celui qui fournit des bienfaits autant pour le bien que pour le mal» (TSS 214 ; HyA X 233)

La prière d’appel du gnostique
(Quand on demanda à Junayd pourquoi les gnostiques prient Dieu, il répondit qu’ils prient Dieu pour les protéger et les garder ; puis le maître ajouta) : « Bien sur, ils n’ont pas besoin de faire de supplication ; ni la volonté de faire un tel appel, car ils atteignent le but sans besoin ni volonté. Pour leur existence, annihilation et subsistance est entre les mains de l’Unique qui les amena à l’existence. » (LT 37)

La douceur de la connaissance
« Quand une personne a goûté à la douceur de la connaissance il devient impatient de partir à sa recherche. » (TSS 215)

L’erreur du Connaisseur
« L’erreur du connaisseur est plus pernicieuse que l’acte délibéré de l’ignare » (TSS 215)

La douceur des dévotions envers Dieu
« Quand une personne goute à la douceur des dévotions envers Dieu, elle devient familière à Dieu » (TSS 215)

La cognition de Dieu
« Quand une personne vient à connaître Dieu, Dieu lui suffit, comme le dit le passage coranique : ‘ Est ce que Dieu ne vous suffit pas alors qu’Il est le témoin de toute chose » (41 : 53) ; (TSS 215)

Deux sortes de pleurs
« Il y a deux sortes de pleurs ; ceux des ascètes, qui pleurent avec leurs yeux et ceux des gnostiques qui pleurent avec leur cœurs. » (TSS 215)

Le monde
« Le monde est ton ventre. Alors essaie de briser ton ascétisme jusqu’à aller à ton abnégation par rapport au monde.» (TSS 214)

La connaissance et l’ignorance
« La connaissance est sécurité, alors que l’ignorance est destruction. Les amis sont une imposition et les ennemis une cause de chagrin. Le lien de clémence engendre la subsistance en Dieu, et la rupture engendre la calamité. La patience est un pouvoir, alors que l’audace est l’impuissance. Le caractère mensonger est faiblesse alors que la véracité est force. La gnose est sincérité, raison et expérience. » (TSS 214)

Le fruit de la gratitude
« Le fruit de la gratitude est l’amour-bonté et la peur de Dieu » (TSS 216)

L’harmonie
« L’harmonie est la base de l’amour-bonté alors que la base de l’Union est l’abandon de la paix de l’esprit. La base de la pauvreté, est la conscience de la faute. Enfin, la base de la stabilité avec Dieu est l’endurance dans la pauvreté envers Dieu. » (TSS 216)

Le souvenir de Dieu (le dhikr)
« Le souvenir de Dieu par la langue purifie des péchés, et conduit à la traversée des stations, le souvenir dans le cœur engendre la proximité avec Dieu, et le souvenir dans la conscience intérieure engendre le témoignage et la communion avec Dieu » (ShDh I [Chap. 2] 282).

Les croyants
« Tradition prophétique : La population des anges est meilleure que la population des croyants bien que parmi les croyants certains sont plus élevés que les anges, ce sont ceux qui possèdent la supériorité des prophètes.

« Commentaire de Muhammad b. Fadl : Cela signifie que les anges sont des croyants soumis alors que les être humains peuvent être soit des croyants soit des non-croyants, soumis ou récalcitrants. De plus parmi ces mêmes croyants, il y a aussi ceux qui sont soumis ou récalcitrants, les croyants soumis étant supérieurs aux récalcitrants. »

« D’autre part, certains êtres humains sont plus élevés que les anges, ce sont les prophètes, car les anges n’ont pas le moyen de commettre de péchés et n’ont donc pas d’autres choix que d’être soumis, alors que les prophètes ont le moyen de commettre des péchés par leur âme instigatrice du mal (nafs al-ammara bi su’), qui par nature invite à satisfaire toutes les passions. A travers cet état, les prophètes se libèrent de tout péché mortel, et par le repentance de tout péché véniel, afin que comme le dit le proverbe « ils se retrouvent libérés à la fois du péché véniel et du péché mortel ».

Celui qui est capable de commettre un péché et qui décide volontairement de ne pas le faire, est supérieur à celui qui n’a pas ce choix car ne possédant pas le moyen de le faire. Donc, la soumission pieuse des anges est basée sur la foi obligatoire, qui est invalide. Par conséquent, les anges n’ont pas de mérite pour cette pieuse soumission. Alors que les êtres humains ont la liberté de choix entre se soumettre pieusement et commettre des péchés. La soumission des êtres humains est non contiguë (indépendant de la volonté de Dieu), alors que celle des anges est contiguë (fonction de la volonté de Dieu). Le fait est, servir parce qu’on n’a pas d’autre choix n’est pas la même chose que de servir volontairement. »

Un poème de Mohammad b. Fadl
Qu’est ce que l’affliction ? C’est le signe
Que tu es devenu libre des désirs de ton nafs ;
L’esclave est asservi à son propre nafs et à ses passions
Alors que l’homme libre peut-être rassasié ou affamé.

Les traditions du Prophète transmis par Mohammad b. Fadl

Tradition : La plupart des hypocrites de ma communauté sont les réciteurs du coran.

Tradition : Pour jouir du succès spirituel, on doit donner aux autres ce que l’on désire d’eux.

Abréviations
TA = Tadhkirat al-awliya – Attar, Farid ad- Din.
RQ = Risala-yi Qushayriyya – Qushayri, Abu l-Qasim.
HA = Hilyat al-Awliya – Isfahani, Abu Na’im.
NfO = Nafahat al-uns – Jami, Abd ar-Rahman.
KLFT = Kitab al-luma’ fi’t tasawwuf – Sarraj Tusi, Abu n-Nasr.
KM = Kashf al-mahjub – Hujwiri, Al I b. Uthman.
FB = Fada’il-i Balkh – Balkhi, Abu Bakr’Abd Allah b.Muhammad.
TSS = Tabaqat as sufiyya – Sulami, Abu’Abd ar-Rahman.
TAA = Tahaqat al-awliya – Ibn Mulaqqin

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