Dr Nurbakhsh
L’école de l’Unité de l’Etre est apparue suite à la réflexion des hommes
à propos de la connaissance de la Vérité (Haqq) et de la Réalité
(Haqiqat). La croyance dans l’Unité de l’Etre était présente dans la
culture de l’Iran pré-islamique, en particulier dans la sagesse
‘khosravani’.
Il semble que ces hommes sages en quête de la Réalité
Divine soient arrivés après des années de réflexion à la conclusion que
la réalité est un Etre Absolu, que c’est par Sa lumière que l’existence
est en place et que si la lumière de cette Existence Absolue n’existait
pas, tout serait néant.
Une sourate du Coran témoigne de cette réalité : « Dieu est la lumière des cieux et de la terre » (24 :35), cela montre que la religion de l’Islam prête aussi une attention particulière à ce sujet.
A ce propos, la seule documentation authentique à notre disposition concernant la sagesse ‘khosravani’ ou les pensées mystiques iraniennes, sont les pensées de Zarathoustra basés sur deux principes : L’Unité de l’Etre et le service aux créatures.
Zarathoustra déclare : « Lorsque j’ai bien réfléchi, que je suis plongé dans les profondeurs de mes pensées, partout je ne vois et ne trouve que Toi (Ahura Mazda) ».(Hikmat-i khusrawani, Hashim Radi, Téhéran : Bihja, 2000, pp. 232)
Dans un autre passage Zarathoustra dit : « Oh Dieu de la sagesse, je souhaite qu’à travers de bons actes et le service envers les hommes, et grâce à la droiture, le bon caractère et l’aide aux démunis je puisse te rejoindre ». (Zartusht : Mazdayasna u hukumat, Ashtiyani, J., Téhéran : Intishar, 2002 (1987), pp. 224)
Ce genre de pensée raisonnable de l’unité de l’être doit être nommé ‘le mysticisme raisonnable’ auquel croyaient et croient de nombreux sages et mystiques. Mais de nombreux chercheurs et investigateurs sages sont arrivés après plusieurs années à la conclusion que leur pensée n’aboutit qu’à l’étonnement, et finalement se sont soumis à la réalité, admettant que:
Mon savoir en est arrivée à un point
ou je sais que je ne sais pas
Seuls quelques personnes douées d’une attention et d’une dévotion forte, empreinte d’amour envers l’Etre Absolu, sont à la base du mysticisme amoureux. Les adhérents à cette école s’appelaient les Soufis.
Ils témoignaient de l’Etre Absolu et quelque soit ce qu’ils regardaient, ils ne voyaient que Dieu (Haqq). Bien entendu, d’après un certain nombre d’entres eux, l’amour vient, il ne s’apprend pas et ils disaient :
« Oh celui qui ne s’est jamais brûlé, l’amour vient il ne s’apprend pas ».
Un groupe de disciples attachés à cette école amoureuse, ont effacé les feuilles de leur livre de sagesse et ont déclamé :
« Efface les pages des livres
si tu viens à la même école que nous,
car la connaissance de l’amour
ne se trouve pas dans les livres ».
Ils considéraient que les prières, les efforts et les mortifications sincères étaient un moyen pour la purification et la santé de leur esprit, et croyaient que Dieu (Haqq) n’a pas besoin de tout cela.
Par conséquent ils manifestaient leur amour-bonté et leur amour aux manifestations de Dieu, autrement dit l’existence, et disaient : « Dans son amour envers les êtres qui sont les lumières de l’être de Haqq, on doit choisir le service et la compassion envers eux, pour que par ce moyen on montre sa manifestation d’amour envers l’Unité Absolu ».
Cet amour envers l’Etre Absolu (Haqq), ainsi que le service aux créatures de Dieu, a pris forme sous le nom de Soufisme ou gnose Islamique, à travers la chevalerie (jawanmardi) sous l’étendard de la religion de l’Islam, et a continué son existence depuis.
Sohravardi en présentant les précurseurs de la sagesse ‘khosravani’ écrit : « La base de la sagesse ‘khosravani’ en ce qui concerne le comportement extérieur (soluk) a été transmis à Bayazid Bastami, et après lui au ‘chevalier blanc’ (Mansur Hallaj), puis à Abul Abbas Qassab é Amoli et enfin il arriva à Abul Hassan Karakhani.
Ces amoureux de l’Existence Absolue s’annihilaient dans l’amour de Dieu (Haqq) au point de ne rien voir d’autre que Lui.
Et Abul Abbâs Qassab é Amoli disait : « Dans le monde il n’y a rien d’autre que mon Dieu, et toutes les existences à part Son être sont périssables».
Kharaqani à dit aussi : « Quelque soit celui qui entre dans cette khaneqah, donnez lui le pain et ne lui demandez pas sa croyance», ce qui signifie que la compassion et le service envers les autres ne doit pas dépendre de leur croyance.
Pour conclure, laissons le mot de la fin à l’éloquent Sadi :
« je suis joyeux dans ce monde
car le monde est joyeux par Lui,
je suis amoureux de tout le monde
car le monde est à Lui ».
Traduit du magazine persan n°72.