Dr Nurbakhsh
Notre parole de ce soir concerne la chevalerie.
Avant l’Islam, au Moyen-Orient, la tradition de la chevalerie « ou Fotovat » avait formé en son sein des hommes qu’on appelait des chevaliers « Javanmard ou Ahl Fotovat ».
La tradition de la chevalerie consistait à pratiquer la miséricorde, l’altruisme, le sacrifice, l’aide aux opprimés et aux démunis, la compassion envers les hommes, le respect de la parole donnée et l’humilité, toutes les caractéristiques qui sont devenues plus tard les attributs distinctifs des hommes parfaits dans le soufisme.
En plus de ces attributs humains que les chevaliers possédaient, il faut ajouter leur attachement à des comportements et à des coutumes spécifiques relatifs à l’objectif et aux principes de la chevalerie.
Après l’apparition de l’Islam, ces chevaliers acceptèrent la religion de l’Islam tout en gardant la tradition de la chevalerie et c’est ainsi que la religion du soufisme s’est constituée sur la base de l’Islam et de la chevalerie. Les comportements des chevaliers devinrent ainsi une règle pour les soufis et une tradition dans les khanéqah.
Petit à petit, la philosophie de l’unité de l’être et celui de l’amour divin furent harmonisés et plus approfondis par les maîtres soufis et la tradition de la chevalerie s’en trouva imprégnée, elle se répandit alors de façon extraordinaires. L’esprit du soufisme consistait à regarder dans une seule direction et à voir tout du même œil avec la force de l’amour (Eshq) et de l’amour bonté (Mohabat), et sa méthode était fondée sur l’éthique humaine qui était équivalente à la tradition des chevaliers. Le soufisme possède donc un intérieur et un extérieur :
Son intérieur est le cheminement spirituel qui passe par différentes stations jusqu’à l’étape finale de la subsistance en Dieu (Baqa).
Et son extérieur est la tradition de la chevalerie qui comporte les attributs des hommes parfaits.
Donc les soufis doivent comprendre qu’ils sont les portes drapeaux d’une école d’humanité et de la tradition de la chevalerie dans le monde actuel, et ils ne doivent pas permettre à la civilisation d’aujourd’hui de détruire l’éthique humaine. Cette civilisation fait voler l’homme dans le ciel mais le rabaisse plus bas que la condition d’animal du point de vue de ses humeurs et de ses habitudes intérieures.
Les soufis doivent s’efforcer dans le monde matérialiste d’aujourd’hui de devenir les exemples des hommes distinguées, afin de susciter le désir et l’envie chez les autres d’acquérir les authentiques attributs humains qui sont le privilège de l’espèce humaine.
Les soufis doivent montrer aux autres les effets produits par le paradis spirituel qu’ils ont trouvé dans la voie soufie et les résultats obtenus, afin que les hommes sachent que leur paradis matériel est infime et sans valeur en comparaison.