De l’adoration du moi à l’adoration de Dieu

Dr. Nurbakhsh

Point et cercle, goutte et océan, Tous sont uns ; C’est l’adorateur du moi qui a construit cet égo. – Sa’ib Tabrizi

Une autre description du soufisme est que c’est une procédure qui conduit de l’adoration du moi à celle de Dieu. Le fait est que la plupart de nos inquiétudes, dépressions et agressions prennent racine dans l’égo, tandis que l’apaisement de l’égo produit une psyché humaine saine. La démonstration du moi a fait de nos préoccupations un sac de nœuds.

Quand la goutte lâche prise Elle devient la Mer
Toutes les méthodes enseignées au voyageur sur la voie, dans cette école du soufisme, visent à le ou la libérer de l’adoration de son moi. Laissez-nous vous en présenter quelques unes :

1. Au début le voyageur cherche une personne qui lui montre la Réalité. Au cours de ce processus, le chercheur doit rencontrer un maître auquel il ou elle va s’attacher et par conséquent se dévouer. Ceci est le premier pas qui attire l’attention du chercheur vers autre chose que son moi et qui l’oriente vers l’amour d’un autre. A ce moment là, il ou elle doit être certain que :
Le maître est le seul qui rend libre Ôte les chaînes d’esclaves de tes pieds.
Le maître de la voie est celui qui est passé par le chemin et qui est donc très au fait des méthodes de maîtrise de l’égo. Le maître ne doit pas conduire le chercheur de l’adoration de son moi au culte de la personnalité.

2. Servir les autres. Ceci est le second pas que le chercheur doit faire pour passer de l’adoration du moi à l’adoration de Dieu, moyen par lequel l’adoration du moi diminue.
Un poète a dit :
La pratique de la dévotion n’est rien d’autre que servir les autres ; Cela n’a rien avoir avec le chapelet, le tapis de prière ou la robe.

3. Vient ensuite le service aux soufis et le service à la khanaqah. A partir de là, le voyageur doit se voir comme inférieur aux autres soufis et être généreux de sa personne et de ses biens. Shah Ni’mat Allah Wali décrivait un de ses Shaykhs, du nom de Ni’mat ‘Ali, en ces termes :
Ni’mat ‘Ali qui marche à nos côtés, lui qui cherche la grâce de la voie Ni’matullahi, Devint petit, fut réduit pour être bas, comme un enfant, puis à travers la grâce du souffle, devint le Shaykh ‘Al i Baba.
A travers le don sans ménagement de ses biens, le voyageur allège le moi.

4. L’amour de toutes les créations de Dieu diminue l’attention au moi.
Je suis en paix avec toutes les créatures du monde ; Dans mon étreinte, la dureté des autres et la miséricorde intérieure du Bien Aimé, tous sont un.

5. Le suivant est le silence, à propos duquel il a été dit :
‘‘ Tu m’interroges sur l’adhésion à l’Unité Divine. Je répond, ‘silence.’ ’’ Lorsque les grands de la voie parlent, c’est en état de ferveur, d’ivresse et de non-conscience du moi. Quand ils sont sobres, ils se taisent.
Rumi dit :
Ne pense pas, toi, que de moi-même je compose mes poésies ; Quand je suis sobre et éveillé, aucuns mots je ne dis .

6. L’attention constante à Dieu distancie le chercheur de l’attention au moi, où il est dit :
Comme le papillon de nuit, j’avais fixé mon regard sur Lui ; Lorsque je me réveillai, j’étais consumé.
Finalement, le voyageur arrive au royaume de l’Unité, voyant l’Un dans le multiple et le multiple dans l’Un, atteignant la béatitude éternelle.
Une histoire à propos de Bayazid illustre bien cet état de fait : Lorsque quelqu’un vint sonner à sa porte, Bayazid demanda, ‘‘ Qui cherchez-vous ? ’’Quand l’étranger dit, ‘‘ Bayazid,’’ le maître s’exclama, ‘‘ Pauvre Bayazid ! Je l’ai cherché pendant trente ans sans trouver aucune trace de lui.’’
Comme le poète l’affirme :

Dans Ton souvenir je me perdis tellement que je dus demander de mes nouvelles au tout venant.

Bien sûr, devenir un Bayazid n’est pas chose facile. Et la plupart des gens n’en ont pas la capacité, mais il est dit :

Si tu ne peux boire toutes les eaux de l’Oxus, Alors bois jusqu’à étancher ta soif.

En conclusion, il faut admettre : Les sages ne sont pas les seuls à refléter les mystères. Ceux qui ignorent leurs ‘‘ moi’’, en savent tout autant.

(Traduit de la revue SUFI n°63, automne)

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