Dr. Nurbakhsh
Après s’être embarqué sur la voie, le cœur débordant de sincérité et d’amour, dans l’espoir de la grâce Divine, le soufi est soumis au rappel de Dieu. La répétition du nom du Bien Aimé efface petit à petit toutes autres pensées ou souvenirs des pages de son cœur, jusqu’à ce qu’il s’abandonne entièrement au rappel de Dieu, Etre Absolu, clamant :
Le creux de ma poitrine est si empli du Bien Aimé
Que toute conscience de moi-même a disparu de mon cœur.
Une fois la poitrine pleine du Bien Aimé et la conscience de tout autre dissipée au loin, l’égo est abandonné. Mais il est aussi possible que l’égo soit brutalement balayé par la pression du déluge de l’Amour de Dieu. Comme le dit le voyageur :
Je me souviens tellement de Toi
que je suis devenu Toi de la tête aux pieds ;
Petit à petit tu es arrivé
et progressivement je suis parti.
Et
A travers Ton souvenir
je me suis tellement oublié moi-même
que j’ai du demander de mes nouvelles
au premier venu.
Si nous pensons l’Etre Absolu comme une mer sans fin, toutes les créatures sont comme les vagues de cette mer. La forme des vagues les fait apparaître différentes de la mer. Lorsque la vague se forme, autrement dit l’égo et ses pensées, et qu’elle disparaît, il ne reste que l’eau de cette mer. La forme des vagues est dépendante et transitoire, alors que la mer est toujours la mer. Le fait est que tout le monde ne peut se risquer avec sincérité et amour sur la voie de Dieu. En effet, il n’arrive que rarement à un individu d’atteindre ce niveau d’attraction, d’état et de station.
God’s Remembrance by Dr. Javad Nurbakhsh (Sufi issue n° 61 SPRING 2004)