Réponse à un frère sur la voie

Dr. Nurbakhsh

Réponse à un frère sur la voie
(Le titre complet de ce poème est : « Composé en 1949 sur ordre de Munis Ali Shah en réponse aux frères sur la voie »Munis Ali Shah était le maître de la confrérie Nimatollahi juste avant le Docteur Javad Nurbakhsh, qui avait 23 ans à l’époque quand ce poème fut écrit.)
O mon ami, il est préférable d’oublier cette imagination, cette spéculation et ce doute.
Mets-toi en route et oublie-toi.
Si tu désires abandonner les turbulences du temps et consommer sans danger le vin de la taverne de la ruine,

En premier lieu ne recherche ni renommée ni réputation.

Pour toi J’ai créé la souffrance de la recherche
et par elle J’ai enchanté ton cœur.
Sorti de la cage, tu te rapproches et tu te libères.
Pourquoi pleurer et te plaindre ainsi comme un arbre tremblant dans le vent ?

Oublie plutôt ces pleurs et ces soupirs.

De moi-même je suis ignorant, néanmoins en ma présence les gens sont enchantés.
Je suis un ami pour tout le monde.
Pourquoi te plains-tu sans cesse de cette fable du « Je » ?
J’entends la douleur, écoute ma muse :

Le chemin consiste à l’oublier.

Chaque cœur las est notre demeure depuis longtemps.
Le coffret du secret de Dieu se trouve à l’intérieur de nos poitrines, vidées de tout ressentiment.
La bonté envers les démunis est notre occupation depuis longtemps.
Notre manteau de laine est l’ornement du trône éternel.

Tu le verras clairement si tu oublies les deux mondes.

Je suis à la fois le remède et le médecin du cœur souffrant.
Je suis l’enchanteur des cœurs amoureux mais aussi de leurs propriétaires.
Sobre pourtant, je suis le Maître des coupes pour les compagnons,
Parfois en colère, parfois bienveillant, je suis le seul à savoir.

Il est préférable d’oublier « ceci » ou « cela »

Tant qu’un cœur, ne sera pas initié, il ne sera pas digne d’échapper au « comment » et au « pourquoi ».
Si le raisin n’est pas foulé, le vin ne peut être tiré.
Que peut donc faire le cœur s’il n’est pas initié ?

Mieux vaut initier son cœur pour oublier son âme.

L’ivresse des enfants adorateurs du feu sacré fait vivre mon projet.
Initier la foi des chercheurs déterminés est mon travail.
Qu’il brûle dans la séparation ou qu’il s’adapte, chaque chemin conduit mon captif dans ce piège.
Sois patient, et tu traverseras cette voie en toute sécurité.

Pour le meilleur amant, union et séparation ne font qu’un.
Pour de tels malades, souffrance et remède ne font qu’un.
Du point de vue de l’Amour, infidélité et religion ne font clairement qu’un.
Parfois bulle, parfois goutte ; regarde ! Les deux ne font qu’un.

Oublie tes doutes et tu trouveras le chemin qui mène à la certitude.

Le discours des amants parle de leur enchaînement à mes cheveux ;
Ils ne se souviennent que de l’enchantement de mon visage.
Jour et nuit, ils apaisent leur cœur, en ne pensant qu’à Moi.
Ils sont dans l’attente d’un seul de mes regards.

Tu dois oublier tout ce qui te rend anxieux.

Sois vigilant ! Je provoque des troubles chez l’ami comme chez l’inconnu.
Sois vigilant car je ne distingue pas la caresse de l’aiguillon.
Pour le premier je suis agité, pour le dernier je suis calme.
Je répands la lumière !
Sois vigilant ! Ceci est mon chemin et ma foi.

La condition est la suivante : Que tu oublies à la fois pertes et profits.

( Divani Nurbakhsh, Response to a brother on the path, p243)

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