Alireza Nurbakhsh
Texte tiré de la revue Sufi numéro XVII page 10, Printemps 1993.
Alireza Nurbakhsh
Je me suis toujours demandé comment certaines personnes réussissaient à manifester et ressentir une forte croyance en une voie spirituelle et aussi envers un maître. Croyance inébranlable d’une nature toute aussi forte que celle que l’on a par rapport à la certitude du lever du soleil le matin.
Il existerait selon mon opinion personnelle deux types d’individus qui ressentent une aussi grande force religieuse. Un type tout à fait commun qui reflète les courants dogmatiques présents dans notre société. On peut donc dire que cette catégorie aurait tendance à imposer ses vues par la force rendant la croyance une obligation. Ce type ne mérite guère que l’on s’ y attarde car fanatiques ils sont.
Cependant il existerait une autre catégorie de personnes bien peu bavardes et ne démontrant aucun intérêt à influencer les autres. Il est bien difficile pour cette catégorie d’arriver véritablement à définir leur croyance. Ces gens sont de véritables mystiques, et la spiritualité se retrouve être abordée d’une façon bien particulière, agissant plutôt que de parler vainement. Ils communiquent avec nous à travers des actes posés sans se soucier de qui les approuvent ou qui les croient. En résumé, ils vivent leur spiritualité alors que d’autres s’évertuent à la définir.
Hasan Kobari était du deuxième type à savoir de ceux qui restent silencieux. Ayant grandi dans la province de Gilan au bord de la mer Caspienne, Monsieur Kobari était un homme d’un certain âge lorsqu’il arriva pour la première fois à la khanaqah de Téhéran. Pendant trente années il dévoua sa vie au travail gouvernemental. Lorsqu’il débuta à la Khanaqah, il occupait alors un poste assez important dans la hiérarchie du Ministère des Finances, C’était donc un très haut personnage ayant pouvoir et grand prestige dans la société de l’époque. Cependant, peu après son initiation dans la Voie Soufie, initiation faite par le Maître Dr. J. Nurbakhsh un très jeune Cheikh alors, Monsieur Kobari soudainement résigna de son poste de haut fonctionnaire et renonça à tout ce qu’il avait à force de patience acquis en terme de pouvoir et de statut social. Désormais il se consacra entièrement à la Voie de l’Amour.
Il était très rare que M. Kobari se mette à parler du Soufisme. Il s’affairait à ses besognes et vivait en Soufi. Parfois il nous arrivait d’insister et de le forcer à nous dire quelques mots sur le Soufisme, sujet bien brûlant pour nous. Mais même dans ces cas, il était bien rare pour lui de briser le silence. Il fallait vraiment s’y prendre d’une façon bien non équivoque en démontrant que son intervention devenait pratiquement essentielle et que ses conseils étaient absolument nécessaires. Alors, dans ces cas bien extrêmes il rompait le silence. Je me souviens une fois, une personne voulait comprendre le sens profond d’un rêve et sa portée spirituelle. Monsieur Kobari répondit en s’excusant d’ignorer la science des interprétations des rêves. Puis il enchaîna en disant que peu importait le rêve lui-même, et, que mieux valait de les accepter comme toute chose dans la vie puisque venue du Divin et de s’attarder à son Dhikr (souvenir de Dieu) plutôt que de tenter de les comprendre. Puis il demanda à la dite personne d’aller faire une petite course pour la khanaqah, répliquant que cela serait bien plus utile.
Pour un esprit occidental, cette approche spirituelle pourrait être perçue comme étrange. On serait porté à croire qu’en premier lieu il est important de saisir le sens et la portée de certaines situations ou phénomènes reliés à la spiritualité. Les comprendre d’abord avant de les mettre en pratique. Si par exemple j’ignore le sens et la signification du Dhikr, comment pourrai-je alors en faire la pratique? L’approche préconisée par M. Kobari était basée sur le fait que la compréhension venait ultérieurement, bien après une certaine forme de pratique et évidemment celle-ci s’accompagne en fait par la suite d’une intériorisation des phénomènes subtils à maîtriser. Donc, c’est bien après que l’individu ait pratiqué de façon conforme et assidue la dite pratique préconisée qu’ intervient alors le résultat de compréhension de la chose. Pour lui, une vie spirituelle est une vie où les actes de service se font de façon gratuite et désintéressée avec altruisme et sans perception d’individualité. Alors, l’appréhension du sens et l’interprétation de la pratique se fait lorsque enfin on arrive à s’immerger complètement dans celle-ci. Je me souviens de l’avoir entendu dire une fois que pour sincèrement arriver à intérioriser la notion de douleur et réussir à bien la comprendre, il fallait que l’individu puisse expérimenter ce phénomène de la douleur et qu’il s’en imprègne.
Lire des traités sur le sujet pourrait paraître à la fois intéressant et fascinant, mais cela ne pourrait jamais conduire la personne à vraiment bien comprendre tous les aspects et les subtilités qui sont reliés à cette notion.
Lorsque pour la première fois j’avais rencontré M. Kobari, j’étais bien jeune évidemment et très naïf de surcroît. Cependant, il m’adopta avec un esprit d’ouverture et de grand respect, de la même façon qu’il le faisait avec les autres. Jamais son comportement trahit une attitude de supériorité tant soit au niveau spirituel qu’autre. Bien qu’il fut un derviche depuis plusieurs années, il avait tendance à me traiter en égal, ce qui par conséquent contribua à me mettre à l’aise en sa présence et je me mis à le suivre un peu partout lors de ses activités multiples de la journée. Et comme bien entendu, il y avait toujours quelque chose à faire autour de la Khanaqah, il me donna la permission de l’aider pour certaines tâches bien précises comme : servir le thé, arroser les plantes, ou bien aider a la publications des livres de la khanaqah. Il était convaincu que tout travail devait se faire de façon économique mais aussi de façon fastidieuse. Un certain jour je devins fatigué d’utiliser un petit pot en guise d’arrosoir pour les centaines de plantes du jardin se trouvant tout autour de la Khanaqah. Alors, il fut décidé par mon esprit pratique d’utiliser un tuyau d’arrosage conçu pour cet effet. Mais dès que M. kobari m’aperçut usant de ce tuyau, il me reprocha d’être affligé du fléau de la paresse et m’accusa d’avoir recouru à la méthode de la facilité en plus d’avoir gaspillé bien des gallons d’eau inutilement. Puis il m’expliqua tendrement que le travail autour de la Khanaqah était une discipline pour l’égo et que notre égo avait tendance à vouloir s’acquitter des choses sans trop vouloir se fatiguer. À ľ époque cette remarque me parut sans fondement et dans ma naïveté, je me dis que certainement il était préférable de s’acquitter de la tâche et de faire le travail sans s’ attarder sur la façon de la faire. Ce n’est que bien des années après que je réussis à saisir la justesse de ses paroles.
Monsieur Kobari était en conflit constant avec son égo et aussi avec ses désirs intérieurs à tel point que j’en arrivais à me demander si vraiment il lui restait encore une infime trace d’individualité. La plus petite pensée négative suffisait à lui faire prendre des mesures drastiques pour se corriger. Un jour, en la présence d’une vingtaine de derviches, nous travaillons a une révision éditoriale d’un manuscrit dont l’original avait était écrit en arabe et comparions les textes avant la mise sous presse. M. Kobari lisait à haute voix en arabe car lettré il était dans cette langue aussi bien qu’en persan et moi je vérifiais la correspondance. Nous étions bien avancés dans notre travail, lorsque soudain on sonna a la porte et l’on vit apparaître un mullah qui avait rendez-vous avec le maître. Il s’assit près de nous en attendant que l’on vienne le chercher pour son entrevue. Sitôt qu’il se fut assis, il exigea une tasse de thé et se mit à prêcher à tout un chacun. M. Kobari l’écouta pour une courte durée et après quelques minutes se tourna vers moi en me disant de reprendre notre ouvrage. Quelle ne fut ma consternation en entendant la façon atroce qu’il avait choisi pour faire sa lecture des textes arabes à haute voix. De plus les déformations étaient plus accentuées pour les passages religieux tirés du Coran. En l’entendant, le mullah se mit à le corriger. Pendant trente minutes il en fut ainsi, le mullah n’arrêta pas de faire des corrections et ce d’ une manière bien peu courtoise, alors que Monsieur Kobari s’excusait et demandait pardon au Mullah a chaque maladresse. Le temps parut être une éternité.
Et bientôt il fut acheminé vers le bureau du Maître qui ľ attendait. En se levant, il ordonna M.Kobari d’arrêter de lire immédiatement, lui rappelant que c’était un blasphème de réciter le Coran d’une manière non appropriée. Lors du déroulement de cet incroyable épisode, je me força à demeurer calme tentant de ne pas maudire ni même de remettre en place ce grossier personnage. De plus je me retrouva dans un état de confusion total vis à vis du comportement de M. Kobari. Lorsque plus tard je le retrouvais seul, je ne pus m’empêcher de soulever la problématique de l’étrange comportement adopté devant le mullah. Je tentais de résoudre le pourquoi des déformations de la prononciation des textes qui auparavant ne présentaient aucune anomalie d’interprétation. « À la minute où je vis entrer le mullah », me dit-il, «La pensée que j’étais bien supérieur et meilleur que lui m’envahit. Je devins honteux de cette pensée et je fus forcé de trouver un moyen de m’amender face au mullah que j’avais inconsciemment jugé. Je voulais rechercher son pardon pour mon arrogance et ma prétention. »
Bien que Monsieur Kobari avait les moyens de vivre une vie très confortable, il avait préféré la simplicité. Il voua la moitié de ses revenus de retraité aux nécessités quotidiennes de la khanaqah et l’autre moitié pour les besoins de sa famille qui comportait son épouse, une vieille servante qu’il considérait comme sa propre sœur et lui-même. Il y avait deux chambre dans sa maison, une petite cuisine et un jardin coquet. Le matin il s’affairait à travers la ville de Téhéran, accomplissant des tâches diverses pour la khanaqah, s’assurant que les imprimeurs allaient faire leur travail de mise sous presse des publications de la khanaqah, faisant l’épicerie et le marché, se rendant au banquet accomplissant bien d’autres petites tâches importantes pour le bon fonctionnement de la khanaqah. Et ce faisant il prenait soin de rester très frugal dans ses dépenses. Par exemple il évitait de prendre les transports en public le plus possible, se forçant à marcher aussi souvent que possible. Parfois au lieu de prendre un taxi, il prenait l’autobus, sans vivre cela comme un calvaire ou une difficulté.
En étant avec M.Kobari, tout était source d’apprentissage et d’expérience. Un jour, j’obtins la permission de l’accompagner lors d’un déplacement important en ville. Avertis de son comportement ascétique, je me préparais à faire une longue marche. À ma grande surprise, il insista à vouloir voyager en taxi car disait-il, j’étais son invité. Remarquant mon état de surprise et de confusion et même un certain degré de déception, il me dit alors : « Le Soufisme c’est le détachement complet de toute chose, et même refuser de prendre un taxi peut devenir un élément d’attachement. »
Après avoir complété les diverses responsabilités de la journée, M.Kobari rentrait chez lui pour prendre les repas avec son épouse. Il était rare que M.Kobari invite des gens chez lui. Cependant il était fréquent pour les gens d’aller lui rendre visite à l’improviste, s’invitant sans façon. Il les recevaient de façon conviviale. Tous espéraient passer quelques minutes en sa compagnie. En ce qui me concerne j’ai eu le plaisir à plusieurs reprises de manger chez lui le midi. Nous mangions notre repas puis durant trente minutes nous regardions la télévision en noir et blanc, poste reçu en cadeau de sa fille.
Incroyablement, même en regardant la télévision, M.Kobari ne pouvait s’empêcher d’être envahi de la présence Divine. Un jour alors que nous regardions une série télévisée « Gunsmoke », cet épisode en particulier mettait en scène un personnage qui se sacrifiait pour sauver la vie de quelqu’un qu’il ne connaissait pas. M. Kobari commença à fondre en larmes silencieusement, son corps tout entier se mit à trembler, il se tourna vers moi et avec une voix à peine perceptible il me dit : «Voilà le véritable amour, et cependant je suis si loin de cela. » À cela, je me retrouvais aussi en larmes, me retrouvant saisi par l’état et la condition de M. Kobari. Plus tard lorsque je fus chez nous, je compris que c’était là que se situait la différence entre un homme de Dieu et le reste des hommes. Il percevait la beauté Divine là où le commun des hommes ne perçoit que des choses dérisoires. Pendant vingt cinq années, M. Kobari se rendit à la khanaqah chaque jour de quatorze heures à dix heures du soir, ne quittant jamais le lieu tant qu’il restait une seule personne. Il prenait sur lui de toujours s’occuper des tâches les plus ingrates et les moins gratifiantes, servant d’exemple aux autres derviches.
Lors des soirées de rencontres, en dépit de ses années de service et de sa place honorifique au sein de la khanaqah, il persistait à aller s’asseoir à l’entrée là où se déchaussent les derviches.
La pièce réservée pour la préparation du thé (dudde) était l’endroit privilégié où s’activait M.Kobari mais aussi la place où il aimait se retrouver. Cet endroit devenait un lieu d’apprentissage et un centre de perfectionnement pour tous les derviches conscients et habilités à faire cette prise de conscience sur les phénomènes présents dans ce lieu.
Il enseignait en offrant ses services et ne désirait ni n’attendait de remerciements de quiconque. Bien qu’il fut responsable de la gestion de la khanaqah, jamais on ne l’entendit donner des ordres. Il préférait faire savoir ce qui était à faire et ce qui était acceptable de faire, et, il le présentait en modèle que les autres reproduisaient d’une manière simple et naturelle. Il était toujours le premier à se mettre au travail, choisissant les tâches les plus ardues, sans jamais ressentir un tant soit peu de la fierté ou une seule trace de satisfaction personnelle d’avoir bien agit.
Il était fréquent de le voir agir, pour lui nulle tâche était négligeable, si cela impliquait un service à rendre pour un derviche quelle que soit la circonstance, il accomplissait toujours le travail avec la même ferveur.
Une chose était certaine, pour M. Kobari il n’existait pas de travail pénible ou fastidieux. Un soir de réunion, alors que celui-ci passait près de nous, un nouveau derviche l’interpella lui demandant de lui apporter une tasse de thé. Bien évidemment, cette personne ignorait tout du statut de notre personnage. Plusieurs autres derviches tentèrent de se lever pour répondre aux exigences du nouveau membre. Mais de toute évidence, M. Kobari refusa et il s’en fut lui-même aller servir cette tasse de thé et la présenter à qui de droit.
Dès que M.Kobari entrait à l’intérieur de la khanaqah, jusqu’au moment où il s’apprêtait à partir, celui-ci restait affairé constamment. Il avait une très grande dévotion pour le Maître et un Amour immense pour les derviches et leur bien être passait avant sa propre personne. L’anecdote suivante illustre très bien ce trait altruiste qui caractérisait si bien cet homme. Un derviche fréquentant la Voie depuis assez longtemps, me dit qu’ il était une fois présent dans la khanaqah de Téhéran alors que l’ hiver était des plus froids cette année là. Une nuit, il vit M. Kobari quitter la khanaqah vers dix heures, comme a l’accoutumé. Deux heures plus tard, le derviche était toujours éveillé, ne pouvant trouver le sommeil, lorsqu’il entendit soudain M. Kobari rentrer discrètement dans la khanaqah. Il se mit à l’observer se demandant ce qu’il pouvait bien faire là à pareille heure, quand il le vit prendre un bidon de mazout et aller remplir le réservoir du système de chauffage qui était relié au dortoir des derviches endormis. Puis lorsque sa besogne fut remplie il disparut aussi silencieusement qu’il était arrivé. Le lendemain ce même derviche demanda a M. Kobari des explications sur ce qu’il s’etait passe cette nuit. Il hesita un moment puis repondit qu’au moment où le sommeil allait s’emparait de son être l’idée lui vînt que le réservoir allait se vider et laisser les derviches transis par le froid mordant de la nuit. Donc, il décida de se lever et de parcourir à pieds la distance aller retour pour s’assurer du confort des autres. Cet acte de dévotion et d’amour altruiste aurait très bien pu se passer sans que l’on ne sache quoi que se soit, mais il y avait ce soir là un témoin oculaire qui avait vu cette performance extraordinaire. Nul ne saurait mettre un chiffre sur le nombre de fois où cet homme vénérable avait accompli des actes dépourvus d’individuation et remplis d’amour pour ceux à qui ils s’adressaient. Tous ceux qui entrèrent en contact de près ou de loin avec lui se sont retrouvés affectés par sa personnalité, il les marqua de façon remarquablement profonde. Il traitait les gens avec un grand respect et en même temps demeurait toujours franc et direct. Un jours, nous partîmes rendre visite a la personne responsable de la reliure des manuscrits. C’était une personne d’un certain âge, qui offrait des prix assez raisonnables. M. Kobari était un homme très courtois et poli. Lorsqu’il s’assit pour négocier le prix du livre, l’imprimeur lui fit savoir qu’il voulait discuter d’un sujet beaucoup plus important que l’argent. Il fit donc savoir qu’il désirait devenir membre de la confrérie et être initié dans la Voie. Sans aucune hésitation M.Kobari lui dit que c’était chose impossible. Cela choqua l’imprimeur qui demeura stupéfait un instant car il n’ignorait pas l’amour et la dévotion que portait notre ami au Soufisme, puis il demanda la raison de ce refus. M. Kobari repondit « Si vous devenez soufi, vous ne serez plus en mesure de nous facturer la reliure es livres. Pensez vous etre a meme de vous passer de cet argent ? » L’ homme baissa la tête confus. « Ėcoutez-moi, si vous voulez savoir la vérité, je suis arrivé a la conclusion que tout le monde est un soufi, a sa façon, sans le réaliser. S’il vous plaît revenons à notre discussion sur la reliure et dites-moi combien cela va me coûter. » Après le décès de M.Kobari, notre relieur accepta les conditions de son admission dans la Voie et fut initié.
Vers la fin de sa vie, la santé de M.Kobari se détériorait et il lui devînt difficile de faire les aller et retour quotidiens. Un jour le Maître lui annonça qu’il pouvait s’il le souhaitait vivre dans la khanaqah. Ce fut la réponse à un rêve, et jadis il m’avait confié qu’il souhaitait finir ses jours à la khanaqah entouré des derviches qu’il aimait tant. Alors après vingt cinq années de service il allait enfin pouvoir vivre dans la confrérie. Très vite cependant il se rendit compte qu’il valait mieux faire des aller et retours difficiles que de vivre dans la khanaqah, car il était constamment à bichonner les derviches jour et nuit , se privant d’un repos devenu obligatoire pour lui désormais. Lorsque la situation fut insoutenable, il demanda la permission au maître de retourner chez lui pour mourir en paix et c’est ce qui arriva. Le 23 mars 1978, juste quelques semaines après son retour chez lui, il rendit l’âme. Peut être l’épitaphe le plus approprié qui décrive M Kobari en tant que disciple a été écrite par Dr. Nurbakhsh, le Maître pour qui il fut si dévoué.
Le disciple est un chercheur sincère qui est libéré de tout attachement. Il ne souhaite que Dieu, il chemine sur la Voie sans faire référence à lui-même. Il n’a rien a conté sur lui et ne se plaint jamais du Bien-Aimé. Le disciple est un amoureux dont le cœur est usé par la langueur et le désir. Il a dépassé les dimensions des deux mondes et s’est uni à la Vérité. Il ne recherche que Dieu et dans ses discours il n’y a que Dieu comme préoccupation.
Il se rapproche du Bien-Aimé et se retrouve happé par l’Amour. D’instant en instant, il purifie le miroir de son cœur des ternissures du moi de l’égo. Et par la Grâce Divine, celui-ci brille de SA Lumière.
( Page 118 « In The Tavern of Ruin »)
N.B : Khanaqah est le lieu où se réunissent les chercheurs en quëte de la Vérité.