Dr. Nurbakhsh
Se choisir un maître c’est comme chercher à s’associer avec l’Océan.
Pour être capable de s’asseoir au bord de l’Océan, il faut qu’un individu possède un cœur comme l’océan, et qu’il puisse recevoir tout ce qui vient de l’Océan de bon cœur. Ceux qui arrivent près de l’Océan doivent être conscients des points suivants:
1. L’Océan est assailli par toutes sortes de tempêtes, dont on ne doit pas s’effrayer. Autrement dit, le disciple ne doit pas être offensé par la dureté et la colère du maître, mais doit plutôt voir grâce et colère du maître comme les deux facettes d’une même pièce, et aimer autant les deux aspects.
2. L’Océan est rempli de “requins” rapaces dont on ne doit pas avoir peur.
3. Les lois de l’Océan ne sont pas les mêmes que les lois morales du monde d’ici-bas. Ce qui veut dire que le maître est loin au-dessus de la notion de bien et de mal, qui sont des concepts qui appartiennent aux gens de ce monde. Comme le poète Maghribi l’a dit:
Ce qui est de l’athéisme pour la société
est religion pour nous;
Le goût amer de ce monde
A notre palais est doux.
4. Si le comportement et les attributs du maître ne sont pas acceptables par le disciple, c’est parce que ce dernier n’a pas la sagacité du maître et n’est pas capable de comprendre son propre monde. C’est la signification de l’expression: “L’athéisme du maître est la foi du disciple”. Ce qui veut dire que le vrai disciple est celui qui a la foi dans l’athéisme du maître, certain que quelles que soient les actions du maître, celui-ci sait ce qu’il fait. Par conséquent, le disciple sincère ne questionne jamais le maître.
5. Le disciple ne doit jamais s’attendre à ce que le comportement de l’Océan obéisse aux règles et lois de ce monde. Autrement dit, le disciple ne doit pas imposer au maître les us et coutumes auxquelles il est attaché. Le danger est que les disciples jugent les actions du maître par rapport a leurs propres attentes, et commencent alors à le critiquer.
6. Sur la voie, ou dans l'”association avec l’Océan”, on ne doit pas se préoccuper de ce qui nous arrive, mais plutôt supporter les aléas de la vie et les accepter pleinement. Comme le dit Maghribi:
Ne demande rien sur l’approche du séminaire
Ou la méthode de la khaneqah;
Va au-delà de l’approche et de la méthode.
Lorsque tu marches avec sincérité sur la voie,
Laissant ton intellect derrière-toi,
S’ils volent ton chapeau, n’en demande pas la raison.
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Par Dr. Javad Nurbakhsh
Extrait du magazine SUFI n° 50 Eté 2001, pp. 18 “Associating with the Ocean”.