L’ordre Nématollahi des soufis

Tu te souviendras de tout coeur du Bien-Aimé,
quand tu auras oublié le monde d’ici-bas et celui de l’au-delà.

— Shah Nématollah

Comme toutes les confrérie Soufies, l’ordre Nématollahi est issue d’une chaîne initiatique qui remonte au tout début de l’Islam, le prophète étant considéré comme le premier maître soufi. Le nom Nématollahi dérive de Shah Nématollah Vali, qui fonda l’ordre a la fin du quatorzième siècle et qui fut considéré comme l’un des grands maître soufi d’Iran.

La vie de Shah Nématollah

Shah Nématollah est né en 1330 (731 A. H.) à Aleppo en Syrie. Son père, Mir ‘Abdo’llah, était lui-même un maître soufi, et un descendant du prophète. Sa mère était issue d’une famille noble originaire de Fars, situé dans le sud de l’Iran. Shah Nématollah voyagea beaucoup dans le monde islamique et rencontra de nombreux maîtres soufis, ce qui lui permit de se familiariser avec les idées de son temps, et en particulier sur la philosophie d’Ibn Arabi. Il étudia en profondeur le livre Fosus al-Hekam d’Ibn Arabi, dont il fit de nombreux commentaires par la suite. A la fin de cette première période de voyages, il rencontra à la Mecque Shaykh ‘Abdo’llah Yafe’i dont il devint le disciple. Après avoir servi Shaykh Yafe’i pendant sept ans, Shah Nématollah commença une seconde période de voyages à travers le monde islamique. Cependant, cette fois-ci il ne voyagea pas en tant que chercheur assoiffé à la recherche du maître parfait mais plutôt en tant que maître parfait étanchant la soif des autres. Shah Nématollah se dirigea en premier lieu vers l’Egypte, puis vers la Transaxonie, où il s’installa à Shahr-e Sabz, près de Samarkand. C’est ici qu’il rencontra le grand conquérant Tamerlan, qui cependant était incapable d’apprécier Shah Nématollah, ce qui le poussa à quitter Shahr-e Sabz et à se diriger vers Herat afin d’éviter tout problème. A partir de Herat, il se dirigea vers Mashhad, puis résida un certain temps à Baft, dans le voisinage de Yazd, puis séjourna à Kuh-banan, un ville proche de Kermân. Puis il se rendit à Kermân et s’installa finalement dans une proche cité, Mahan, où il passa la plus grande partie de ces vingt-cinq dernières années de sa vie. Pendant la période ou Shah Nématollah vécut à Mahan, sa réputation se répandit à travers l’Iran et l’Inde, et attira des pèlerins de toutes ces régions venus lui rendre visite. Shah Nématollah vécut près de cent ans. Il est mort en 1431 (834 A. H.) et est enterré à Mahan.

L’enseignement de Shah Nématollah

Dans le domaine du soufisme, le travail accompli par Shah Nématollah apporta un souffle nouveau au soufisme, enrichissant ainsi la culture Islamique, en particulier en Iran. Non seulement il fut le guide d’un grand nombre de disciples, mais donna l’exemple en continuant son travail de fermier, montrant ainsi a ses disciples que de continuer son travail est la meilleure des formes d’autodisciplines. Il montra de façon active que le chemin qui permet de purifier son coeur et de se libérer de son ego repose sur le service à la société et la bonté envers les autres êtres humains. Sous sa supervision, les disciples apprirent à être occupé avec dieu tout en vivant au sein de la société, mettant ainsi en pratique le principe de “solitude en compagnie des autres”. Suivant son exemple, ses disciples abandonnèrent un mode de vie spirituel privilégiant la réclusion et la retraite pour embrasser une vie remplie d’occupations constructives. L’opposition de Shah Nématollah à l’apathie et à la léthargie s’étendit jusqu’a interdire l’utilisation de l’opium et du haschisch parmi ses disciples, à une époque où ces drogues étaient d’utilisations communes aussi bien par les soufis que par les non-soufis. Un autre apport de Shah Nématollah, lié au fait que tout soufi doit avoir une occupation, est l’interdiction de porter en publique un costume qui pourrait attirer l’attention. Son point de vue était que pour se développer intérieurement, le soufi doit être libre de toute prétention ou ostentation; il doit s’efforcer d’arriver à un état neutre. Shah Nématollah considère que le fait d’être noble ne consiste pas à attacher de l’importance aux habits que l’on porte, mais plutôt d’être gracié par des attributs divins. Shah Nématollah ouvra non seulement les portes de sa générosité a tous les chercheurs et aspirants à la vérité, ainsi qu’à ses propres disciples, mais rendit aussi hommage à tous les peuples et nations, ainsi qu’aux autres ordres soufis existants, en basant ses actions sur un code de pureté et de fidélité. Shah Nématollah suivit la voie de ses prédécesseurs en évitant de séparer la tariqat (la voie spirituelle) de la shari’at (la loi Islamique), selon sa croyance que la haqiqat (Réalité) ne peut-être atteinte que par l’intégration des deux.

Principes spirituel de l’ordre Nématollahi
Si l’ordre Nématollahi devint si populaire et répandu à l’époque ou Shah Nématollah vécut, c’est d’abord du à son approche du soufisme et à sa personnalité charismatique. Les maîtres qui ont suivi ont maintenu cette tradition d’intégration de la vie sociale et spirituelle. De façon générale, la méthode spirituelle de l’ordre Nématollahi est basé sur l’invocation et le souvenir de Dieu (dhekr), la réflexion (fekr), l’examen de conscience (mohasaba), la méditation (moraqaba) et la litanie (werd), alors que les aspects sociaux et éthiques de l’ordre, ainsi que certaines lois et pratiques associés au centres spirituels (khaniqahs), sont les suivants:

Rejet de la vie en réclusion, et préférence pour la retraite intérieure, en compagnie des autres. Cependant, quelques exceptions à la règle peuvent avoir lieu, lorsque par exemple un individu doit passer quelques temps en retraite (à travers une thérapie) afin de retrouver sa santé psychologique.
Rejet et désapprobation sur l’utilisation du haschich et d’autres drogues de même nature.
Nécessité d’avoir une activité constructive de la part du soufi, et découragement de toute passivité.
Choix de vêtements conventionnel, afin de ne pas se faire remarquer et devenir un objet d’attention.
Respect des individu, indépendamment de leurs confessions ou éthique, et dévouement de sa vie à la bonté envers les créatures de Dieu.
Les maîtres et les cheiks de l’ordre initient et guident toute personne qui en est digne, en n’en détournent aucun.
Tendance à pratiquer le Zekr du coeur pendant les réunion de l’ordre, plutôt que le Zekr vocal.
Défense de la paix, la fraternité et l’égalité part les soufis membres de l’ordre. En particulier, aucune distinction n’est faite entre l’homme et la femme.
Les maîtres et cheik de l’ordre ne reçoivent ni ne donnent d’argent aux disciples. De plus, il n’est pas demandé au disciple de payer une cotisation, et quelque soit la contribution d’un individu, elle sera utilisé pour la communauté dans sa globalité.
De façon générale, tout ce qui a trait aux affaires spirituelles et financières de la khaniqahs est gérer par les cheikhs mis en place par le Maître. Dans le cas ou aucun cheikh ne peut s’en occuper, le maître assignera une personne pour gérer ces affaires.
La Kaniqah est une oeuvre charitable a but non lucratif qui appartient a tous les membres et qui est gérée par le Maître et les cheikhs de l’ordre, suivant les lois du pays dans lequel elle est située.
A certaines occasions, par exemple lors de voyages ou de repas servis en présence du maître ou de cheikhs, des personnes sont choisis afin de servir le repas. Le choix des ces personnes est basé sur leur degré d’avancement spirituel dans la voie. Servir est considéré par les derviches Nématollahi comme une occasion de progresser sur le plan spirituel.
Lorsque les soufis se rassemblent ou bien vivent ensemble, leurs relation est fondé sur l’égalité. En particulier, aucun soufis n’a le droit de donner des ordres à un autre soufis, et la contribution de chacun est fonction des ses possibilités.

Historique de l’ordre Nématollahi
Les maîtres de l’ordre Nématollahi qui succédèrent à Shah Nématollahi résidèrent en Inde jusqu’à la fin du 18ème siècle. Le centre de la confrérie fut de nouveau centré en Iran avec l’arrivée de Sayyed Ma’Sum ‘Ali Shah Dakkani en 1775. Depuis lors, l’ordre Nématollahi est resté basé uniquement en Iran, et la majorités des soufis Nématollahi sont iraniens et vivent en Iran. Après la mort de son maître Munes ‘Ali Shah Dho’r Riyasatain, Dr. Javad Nurbakhsh devint le maître de l’ordre des soufis Nématollahi. Durant ces 35 dernières années, Dr. Nurbakhsh a établi plus d’une centaine de khaniqahs et a ouvert de nombreuses bibliothèques et musées à travers l’Iran.

Dans les années 70, un certain nombre d’américains et d’européens allèrent un Iran et furent initiés dans l’ordre Nématollahi. De retour dans leurs pays respectifs, ils éprouvèrent le besoin de se réunir, ce qui donna lieu en 1975 à la première khaniqah non iranienne, fondée à San Fransisco. Depuis lors, d’autres khaniqahs ont été établis à travers les Etats-unis, l’Europe, l’Afrique et l’Australie. Ces centres spirituels sont des oeuvres charitables à but non lucratif, dont les finances sont inspectés par le gouvernement. Les besoins financiers de chaque khaniqha sont gérés par les soufis qui y vivent. Une contribution mensuelle permet de faire face aux besoins de la khaniqha, l’éventuel surplus étant utilisé pour la mise en place de nouvelles khaniqah. Dr. Nurbakhsh est installé en Angleterre depuis 1983. Il reçoit des visiteurs provenant du monde entier, et a publié de nombreux livres sur le soufisme.

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