Un jour, quatre compagnons de voyages s’arrêtèrent à une mosquée pour faire leurs prières de l’après-midi. Ils firent leurs ablutions et, la tête inclinée, se préparèrent à prier. Lorsque le muezzin apparut, l’un d’eux laissa échapper une question qui le travaillait intérieurement: “O muezzin, avez-vous déjà fait l’appel à la prière ? Peut-on commencer ?”
Sur ce, l’un des autres hommes, incapable de se retenir, se tourna vers le premier et lui dit: “Hé, tu as parlé à voix haute, et ainsi annulé ta prière, imbécile.”
Le troisième se tourna alors vers le second. Secouant la tête avec dégoût, il corrigea son compagnon, “O oncle, comment peut-tu lui crier dessus de la sorte ? Soigne-toi donc, médecin! Apprends d’abord à te comporter correctement avant de donner des conseils aux autres.”
Apres qu’il ait écouté tous ces propos, le quatrième homme sourie d’un air suffisant et se dit plus a lui-même qu’aux autres, mais cependant suffisamment fort pour que les autres entendent, “Dieu soit loué que je ne sois pas tombé dans l’erreur comme ces autres fous.”
Comme vous pouvez le constater, les prières de ces quatre voyageurs ont finalement été annulées. Et les trois donneurs de conseils ont été bien plus loin que le celui qui avait fait la faute initialement. Heureux et satisfaite est l’ame de celui qui voit ses propres défauts plutôt que ceux des autres. Lorsque quelqu’un trouve une faute dans une autre personne, cette personne souhaite ardemment voir cette faute en elle-même plutôt que chez les autres.
Bien que vous n’ayez pas cette faute en vous en ce moment présent, ne soyez pas trop sur de vous: peut-être serez vous un jour remarqué pour cette même faute.
(Mesnevi, Livre II, lignes 3027-30)