Dig-djoush fait partie des engagements que le soufi se doit de tenir quand il entre dans la «voie de la pauvreté », dans l’ordre Nimatullahi des soufis.
Il symbolise pour le soufi son état intérieur : prêt à se sacrifier pour le « Bien-Aimé, et tout comme Abraham qui sacrifia sur l’ordre de Dieu un bélier à la place de son fils Ismail, le soufi prépare un agneau selon certains usages et règles spécifiques afin de le partager avec les autres soufis. Ces règles et usages comportent une signification particulière que nous allons voir ci-dessous :
Dans l’ordre Nimatullahi des soufis, le soufi pratique le plus souvent l’invocation secrète, «silencieuse » (dhikr khafi) pour la purification de son âme (nafs).
Comme son nom l’indique, l’invocation secrète, «silencieuse » (dhikr khafi) consiste en la répétition ou la «respiration » su nom divin de façon à ne pas être entendu par autrui.
Le seul moment où les derviches Nématollahi pratiquent l’invocation apparente, «vocale » (dhikr djali) en présence du Maître ou de leur cheikh, c’est lors lu dig-djoush où ils chantent à l’unisson un des noms divins ou une expression à propos de Dieu.
Le but pour le soufi, dans l’invocation secrète, «silencieuse » ou l’invocation apparente, «vocale » n’est autre que l’oubli du «moi » et la focalisation de toute l’attention sur Dieu.
La sincérité et la concentration sont indispensables à la pratique du dhikr et le soufi peut réunir ces conditions avec plus de facilité lors de l’invocation apparente (dhikr djali), car l’invocation apparente (dhikr djali) se pratique dans l’obscurité, ce qui aide le soufi à moins se dissiper, puis le fait de répéter le dhikr à l’unisson selon une mélodie et un rythme particulier produit chez le soufi un certain état qui le fait davantage pénétrer dans le sens du dhikr et l’éloigne de son moi et des préoccupations du monde.
D’une manière générale, la répétition d’un nom divin ou d’une expression à propos de Dieu, en étant attentif à son sens profond, crée la concentration chez le soufi qui s’efforce d’orner son cœur des attributs divins.
Tout entier mon cœur pris Sa nature, son caractère et son humeur.
La cérémonie du dig-djoush commence par l’invocation secrète, (dhikr khafi), lorsque le cercle des soufis est réuni dans le silence absolu pour atteindre la concentration, s’éloigner du monde de la multiplicité et s’orienter vers le monde de l’unité.
Les soufis s’asseyent aussi prés que possible les uns des autres les genoux ou les jambes croisées. Cette promiscuité produit un rapprochement intérieur entre les soufis et les amène progressivement à se sentir unis, aussi le principe des soufis quant à l’unicité de l’être leur devient plus perceptible.
Lorsque le Maître s’assied, les autres le suivent à leur tour et le dhikr commence sur l’ordre lu Maître.
En cet instant il est possible qu’avec l’accord du Maître et avant l’invocation apparente (dhikr djali), l’on chante quelques poèmes pour mieux préparer le soufi à ce rite d’abandon du «moi ».
Quand le Maître estime le moment opportun, il entonne un dhikr particulier avec une mélodie et un rythme spécifique que les soufis à sa suite répéteront, tentant de ne pas en altérer le rythme ni l’air.
En générale personne ne connaît le dhikr spontané avant la cérémonie de Dig-djoush car les effets d’un dhikr spontané sont plus grands et plus profonds. De plus, le Maître prodigue un dhikr en fonction de l’état des derviches présent dans la cérémonie.
Au moment de l’invocation apparente (dhikr djali), les soufis tentent de chanter tous ensemble selon un même rythme et même mélodie pour que la voix de chacun se dilue dans le chant de l’ensemble et que l’on n’arrive même plus à distinguer sa propre voix pour arriver à s’oublier complètement car s’il en est un qui ne parvient pas à se mettre au diapason avec les autres, non seulement le son de sa propre voix tourne son attention vers lui-même mais il déconcentre les autres. La durée du dhikr est indéterminée et le Maître ou le cheikh y met fin en fonction de l’état de l’assemblée en adressant des prières auprès de Dieu, après quoi l’on allume les lumières et les soufis choisis par le Maître pour servir lord des dig-djoushs commencent le rituel de la nappe (sofreh).
Tout d’abord un des soufis, équipé d’une aiguière et d’un bassin vient auprès du Maître, embrasse la terre en signe de respect, et commence, à partir du côté droit du Maître à verser de l’eau sur les mains avant le repas.
Le Maître sera la dernière personne à se laver les mains ce qui est signe d’humilité et d’annihilation.
Puis deux derviches chargés d’étendre la nappe (sofreh) embrassent la terre devant le Maître et étendent la nappe de percale blanche où ils déposeront d’abord le sel puis le pain.
Le fait de «manger le pain et le sel de quelqu’un » est une expression de la chevalerie (djavanmardi) qui signifie que celui qui a mangé le pain et le sel d’un autre, lui sera fidèle toute sa vie.
Chez les soufis le pain et le sel sont les symboles de leur pacte avec Dieu.
Ne néglige point le droit du pain et du sel
Après cela les soufis de prosternent pour la deuxième fois à l’imitation du Maître et celui-ci se met à préparer une bouchée de nourriture pour chaque derviche, qui sera distribuée par ceux chargés du service du dig-djoush, et une fois encore le Maître et les soufis se prosternent et rendent grâce à Dieu.
Tout au long de la cérémonie, on ne peut entendre et répéter que le nom divin. Après le partage du dig-djoush et avec la permission du Maître, les derviches commencent à manger et après que tout le monde ait fini, sur un signal du Maître une ou deux personnes souvent choisies parmi les derviches les plus anciens débarrassent et emportent la nappes.
En effet le service des derviches est un honneur dont n’importe qui n’est pas digne.