Un homme qui
vivait dans le même quartier que le célèbre Bayazid ne supportait pas l’estime
que les gens semblaient porter à ce mystique Soufi. Cet homme
s’enorgueillissait de son savoir et de son intelligence, et il n’éprouvait rien
d’autre que du mépris pour ces simples d’esprit qui croyaient en quelque chose
que l’on ne pouvait voir et prétendaient comprendre ce qui n’avait aucun sens.
Plus l’homme y
réfléchissait, plus il se sentait confiant qu’il en allait de son devoir de
démasquer cet imposteur. Après tout, l’homme se dit, il ne doit pas être bien
difficile de dévoiler une telle supercherie ? Il ne fait aucun doute que
son intelligence lui permettra de piéger ce Bayazid.
Sur de son
succès, l’homme rencontra le Soufi afin de le mettre à l’épreuve :
« Si Dieu
peut tout faire, peut-il faire une pierre
si lourde qu’il ne puisse la soulever ? » l’homme demanda à Bayazid,
sachant que dans tous les cas le soufi serait piégé.
La réponse qu’il
reçut était loin de ce à quoi il s’attendait.
« Sur une
montagne à l’ouest d’ici, » dit Bayazid, « il existe une caverne. A
l’intérieur de cette caverne vit l’un de mes amis. Il te donnera la réponse à
ta question. »
« Bon, si
vous ne voulez pas me répondre, révélez-moi au moins quelques-uns des secrets
de la voie. Prouvez-moi que vous êtes bien celui dont les gens parlent. »
« Mon ami
qui vit dans la caverne te révèlera tous les secret que tu veux savoir. Tous ce
que tu as à faire c’est demander. Je t’en fais la promesse. »
L’homme se mit
donc en quête de la caverne, convaincu que s’il existe réellement un ermite, il
n’obtiendra pas plus de révélation sur un quelconque secret qu’il n’en a obtenu
avec le célèbre Soufi.
Trouver la grotte
lui prit une grande partie de l’après-midi. Il en était arrivé à un tel point
qu’il commençait à penser que le soufi s’était moquer de lui. Mais la
grotte était bien là, exactement comme Bayazid l’avait décrite.
Sans hésiter,
l’homme rentra dans la grotte. Au début il ne pouvait rien voir, gêné par
l’obscurité, mais au fur et à mesure ces yeux s’habituèrent et il constata que
la grotte était vide. En fin de compte tout ceci n’était bien qu’une
plaisanterie.
En se retournant
pour repartir, l’homme se retrouva nez à nez avec un horrible dragon féroce,
situé à peine à quelques centimètres de son visage. A cette vision, l’homme fut
prit d’une telle frayeur qu’il en mouilla son pantalon et décampa si rapidement
qu’il y laissa ses sandales.
Le temps de
retourner jusqu’à Bayazid, l’homme était devenu pitoyable. En le voyant arriver
dans cet état pathétique, Bayazid ne put s’empêcher de rire.
« Regarde-moi
ça ! Tu mouille ton pantalon à la seule vue d’une créature de Dieu, et tu
ne peux même pas garder tes propres
chaussures. Comment pourrais-tu alors
espérer connaître les secrets du créateur que tu recherche dans ton
incrédulité ? »